Bonjour à tous, cette petite série d’articles va vous proposer de découvrir l’étendue de la collection de notre cabinet de curiosités, en vous présentant l’histoire complète de nos objets les plus précieux et incroyables.
Et nous commencerons tout de suite par notre curiosité la plus emblématique : La fameuse armure d’écrevisse de guerre.
En 1804, Napoléon prépare un plan d’invasion pour envahir le Royaume-Uni. Il envisage de nombreuses possibilités pour prendre l’avantage, dont une qui ne sera jamais évoquée tant elle fut un échec : le dressage d’écrevisses de guerre. Depuis quelques années déjà, la France tente de croiser et dresser de nombreuses espèces des mondes marins pour obtenir une toute nouvelle espèce capable d’attaquer et de couler des navires de guerre. Mais avec l’invasion qui se prépare, Napoléon décide d’investir massivement dans ce projet d’écrevisses et parvient à obtenir une espèce hybride extrêmement résistante, en croisant des écrevisses à pattes rouges, des écrevisses turques, des bernard-l’hermite Anachorète et des dauphins à bec blanc. Son apparence ressemble plus à celle d’un bernard-l’hermite, mais le mot écrevisse est gardé, plus simple à prononcer. Malheureusement, si la force de cette nouvelle espèce d’écrevisse est suffisante pour frapper les coques des navires, sa pince n’est pas assez pointue. Une armure d’écrevisse est donc conçue, avec un embout de pince particulièrement bien pensé, pour creuser dans le bois et séparer les planches les unes des autres, provoquant des trous qui coulent le navire. Mais l’armure en question est beaucoup trop lourde, et il n’existe pas à l’époque de matériau métallique léger assurant une flexibilité des mouvements.
Autre problème :
le dressage des écrevisses s’avère extrêmement compliqué. Si certaines d’entre elles sont suffisamment intelligentes pour comprendre des concepts, leur compréhension des ordres est en revanche beaucoup plus aléatoire et difficile. Pour réussir à les faire attaquer une coque de navire, il faut les affamer, puis les habituer à l’idée que de la nourriture se cache souvent derrière la coque. Mais lorsque l’on lâche une écrevisse dans la mer, depuis un navire, il arrive souvent qu’elle attaque le bateau le plus proche d’elle, donc celui d’où elle vient, plutôt que celui du camp d’en face, situé à quelques dizaines de kilomètres.
C’est ainsi que furent tentés quelques essais lors de la célèbre bataille de Trafalgar, où plusieurs navires de la flotte de Napoléon furent coulés par leurs propres écrevisses. On peut d’ailleurs considérer que si la bataille de Trafalgar a été un tel échec, faisant abandonner à Napoléon l’idée d’envahir le Royaume-Uni, c’est au moins en partie à cause de ses écrevisses de guerre et le projet a été définitivement abandonné. Une utilisation des écrevisses sera envisagée plus tard par les généraux de Napoléon pour la bataille de Waterloo mais même si l’étymologie du nom vient de water qui signifie eau, il n’y a pas de mer à Waterloo, ni même de fleuve.
Petite anecdote temporelle :
À l’époque, toutes les armures ont été détruites et les écrevisses ont été soient tuées, soit mangées. Notre équipe de fouille temporelle a dû partir sur place (et rencontrer Napoléon Bonaparte en personne) pour négocier l’achat de l’une de ces incroyables armures. Il a refusé en revanche de nous céder l’un des spécimens d’écrevisse.
